SOCIAL

Publié le 20 octobre 2024

« Je méprise ses deux millions de téléspectateurs » : Thierry Ardisson pousse un énorme coup de gueule contre Cyril Hanouna


INFORMATION

Une confrontation révélatrice sur le plateau de "C médiatique"

Le dimanche 20 octobre 2024, l'émission "C médiatique" diffusée sur France 5 a été le théâtre d'un échange tendu entre Thierry Ardisson et Sarah Saldmann, autour d’un sujet qui fait couler beaucoup d'encre : l'avenir de Cyril Hanouna au sein du groupe Canal+. Une discussion relancée par les spéculations récentes du "Parisien" sur une possible séparation entre Hanouna, figure de proue de "Touche pas à mon poste", et le groupe Canal+. La fermeture annoncée de la chaîne C8, prévue pour le 28 février 2025 suite à la décision de l'Arcom de ne pas renouveler sa fréquence, a mis en lumière des enjeux bien plus profonds que le simple avenir d'un animateur controversé.

►Suivez-nous sur Google News

Bolloré, C8 et la culture du buzz : un avenir incertain

Thierry Ardisson, ancien animateur phare de la chaîne, a saisi l'occasion pour rappeler les conséquences de son propre licenciement, orchestré par Vincent Bolloré, le patron du groupe Canal+. "Quand Bolloré m'a viré, plus de 100 personnes ont perdu leur emploi dans ma boîte de production. Aujourd'hui, on parle de 300 personnes, et ça ne semble déranger personne !" a-t-il dénoncé. Un rappel qui souligne la manière impitoyable avec laquelle Bolloré gère son empire médiatique, prêt à sacrifier des centaines d'emplois pour imposer sa vision.

Cette déclaration a immédiatement provoqué la réaction de Sarah Saldmann, avocate et chroniqueuse sur CNews, qui a tenté de tempérer ses propos. Mais Ardisson n'a pas mâché ses mots, dénonçant un système où les intérêts économiques et politiques passent avant l'humain. En mettant en avant les pertes d'emplois, il a souligné l'impact néfaste des décisions de Bolloré, souvent guidées par des considérations idéologiques plus que par le souci du service public ou de la qualité télévisuelle.

Cyril Hanouna, un symbole de dérive médiatique

La tension est montée d'un cran lorsque la discussion s’est focalisée sur Cyril Hanouna, dont les émissions sont régulièrement au centre de controverses. Pour Thierry Ardisson, le problème ne réside pas seulement dans les choix économiques de Bolloré, mais aussi dans la personne qu'il a érigée en emblème de C8 : "Hanouna est peut-être une star, mais c'est une star dangereuse ! Lui confier une émission politique, c'est comme donner une mitrailleuse à un gosse de 12 ans. Il dit n'importe quoi et n'a aucune culture."

Cette attaque frontale résume une critique souvent entendue à l'encontre de Cyril Hanouna. Ses détracteurs lui reprochent d'avoir transformé l'antenne de C8 en un lieu de buzz constant, où les débats de fond sont évincés au profit de la polémique et du spectacle. Pour Ardisson, confier des émissions politiques à Hanouna n'est pas seulement une erreur stratégique, c'est une menace pour la qualité du débat public. En choisissant de donner une telle exposition à un animateur au discours souvent simpliste et provocateur, Bolloré envoie un signal clair : l'audience prime sur le contenu, et la culture peut être sacrifiée pour des parts de marché.

Sarah Saldmann défend Hanouna, Ardisson persiste

Face aux attaques de Thierry Ardisson, Sarah Saldmann a tenté de défendre l'animateur, soulignant qu'il est une "allégorie de la réussite". Pour elle, les critiques d'Ardisson trahissent une forme d'aigreur et de jalousie envers un homme qui a su conquérir un large public. "La culture ne vous appartient pas, Thierry. Vous critiquez constamment Cyril Hanouna alors qu'il incarne un véritable succès. Votre condescendance est flagrante, et vous semblez mépriser les deux millions de personnes qui le regardent."

Cependant, la défense de Saldmann a vite trouvé ses limites face à la répartie de l’animateur emblématique des années 2000. Ardisson a répliqué sans détour : "Oui, je les méprise, même s'ils sont deux millions ! Ils pourraient être cinq ou six millions, cela ne changerait rien." Une déclaration forte qui traduit un malaise plus profond : celui de voir des programmes de qualité disparaître au profit de divertissements simplistes et bruyants.

C8, une chaîne symbole d'une dérive idéologique

Au-delà de la figure de Cyril Hanouna, c'est toute la ligne éditoriale de C8 qui est remise en question. Thierry Ardisson n’a pas hésité à qualifier la chaîne de "chaîne de l'extrême droite", pointant du doigt la mainmise de Vincent Bolloré sur ses contenus et la transformation progressive de ses émissions en tribunes pour des idées populistes et conservatrices. Cette évolution, couplée à la présence de chroniqueurs polémiques sur "Touche pas à mon poste" et les programmes politiques donnés à Hanouna, reflète une dérive inquiétante du paysage audiovisuel français, où l'opinion prime sur l'information, et où la provocation devient un modèle de succès.

Sarah Saldmann, elle, a rétorqué en accusant Ardisson d’être aigri et de s’accrocher à son passé télévisuel : "Vous dites n'importe quoi parce que vous êtes tellement aigri d'avoir été viré que cela vous obsède." Mais cette défense semble futile face aux critiques fondées sur la qualité et la diversité de l’offre télévisuelle. Les arguments d'Ardisson pointent une réalité : la chaîne, autrefois plus éclectique, a été réduite à un espace de buzz et de débats polémiques, éloigné des standards journalistiques.

En défendant le choix de donner toujours plus de visibilité à Cyril Hanouna, Sarah Saldmann incarne cette logique où l’audience devient le seul critère de succès. Mais comme le rappelle Ardisson, la culture et la qualité ne se mesurent pas en millions de téléspectateurs. La télévision a un rôle à jouer dans la société, celui de faire réfléchir, d’éduquer et d’informer. En confiant cette responsabilité à des figures polarisantes et en réduisant l’espace du débat au spectacle, on prend le risque de transformer un média essentiel en simple machine à buzz.

Par Tony Houdeville


À découvrir aussi...

Partager cette page