POLITIQUE

Publié le 22 septembre 2024

Un intervenant régulier de "L'Heure des Pros" sur CNews condamné pour injure publique


INFORMATION

Des propos qui déclenchent une controverse

Ce vendredi 20 septembre dernier, Gilles-William Goldnadel, avocat et polémiste, a été condamné par le tribunal judiciaire de Paris à une amende de 500 euros avec sursis pour injure publique envers la ville de Stains. Cette condamnation fait suite à une plainte déposée par la municipalité dirigée par Azzedine Taïbi, maire divers gauche, à la suite d’un tweet polémique publié en 2020. En plus de cette sanction, Goldnadel a été contraint de verser 1 500 euros pour le préjudice moral infligé à la ville, ainsi que 2 000 euros pour couvrir les frais de justice. Il a toutefois fait appel de cette décision, comme il l’a confirmé à Mediapart.

Le tweet en question, publié le 27 septembre 2020, accusait Stains d’être une « cité islamo-communiste, capitale du séparatisme islamiste et de la médiocrité racialiste ». Ce message s’accompagnait d’un lien vers un article de Valeurs actuelles, un magazine connu pour ses positions conservatrices. Le contenu du tweet a rapidement suscité l’indignation des autorités locales. Le maire de Stains, Azzedine Taïbi, a alors engagé des poursuites judiciaires contre l’avocat, estimant que ces propos portaient atteinte à l’honneur de la ville. Plusieurs autres tweets provenant d’utilisateurs de Twitter étaient également visés, mais Goldnadel est le seul à avoir été identifié parmi les internautes impliqués, et donc le seul poursuivi.

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Un verdict quatre ans plus tard

Quatre ans après les faits, la justice a finalement rendu son verdict. Le tribunal a jugé que les propos de Gilles-William Goldnadel étaient à la fois « outrageants » et « méprisants », ne servant en rien le débat public. La défense de l’avocat, qui plaidait un contexte satirique et politique, n’a pas convaincu les juges. Ces derniers ont souligné que le but de ces propos n’était pas de faire rire ou réfléchir, mais bien de discréditer la commune de Seine-Saint-Denis, ce qui justifiait la condamnation pour injure publique.

Le tribunal a pris soin d’analyser chacun des termes utilisés par Goldnadel. L’expression « cité islamo-communiste » a été reconnue comme péjorative, mais pas comme une injure en elle-même. En revanche, la qualification de Stains comme « capitale du séparatisme islamiste » a été perçue comme particulièrement grave. Selon les juges, ce terme insinuait que la ville se détachait des valeurs républicaines pour adopter des pratiques dictées par la religion, notamment l’islam, ce qui constituait une atteinte à la laïcité. Quant à la formule « médiocrité racialiste », elle a été jugée « méprisante » et « outrageante », renforçant le caractère insultant des propos de l’avocat.

Un avocat aux opinions tranchées

Gilles-William Goldnadel n’est pas seulement avocat ; il est aussi une personnalité publique bien connue pour ses prises de position politiques très marquées à droite et son soutien sans faille à Israël. Il exprime régulièrement ses opinions dans ses ouvrages, ainsi que dans les médias, notamment au Figaro et sur la chaîne d’information CNews. Ses positions tranchées lui valent de nombreux soutiens, mais aussi des adversaires. Dans ce contexte, l’affaire avec la ville de Stains s’inscrit dans une opposition plus large entre Goldnadel et certains élus locaux de Seine-Saint-Denis, qu’il critique ouvertement.

De son côté, la ville de Stains et son maire se félicitent de ce jugement, qu’ils considèrent comme une victoire importante dans leur combat pour la défense des valeurs républicaines. Dans un communiqué publié peu après le verdict, Azzedine Taïbi a exprimé sa fierté de voir la diversité sociale, religieuse et culturelle de sa ville reconnue comme une richesse. Pour lui, cette décision judiciaire est un signal fort en faveur de la tolérance et du respect des différences au sein de la République.

Gilles-William Goldnadel conteste la décision

Malgré le verdict, Goldnadel reste sur la défensive. Il estime que son tweet n'était pas injurieux mais relevait plutôt de la diffamation, car il faisait, selon lui, référence à des faits précis qu'il aurait pu prouver devant le tribunal. Il regrette également que l'audience du 1er juillet, lors de laquelle il devait s'expliquer, ait eu lieu en son absence. En effet, il affirme avoir dû se rendre d'urgence en Israël pour des raisons familiales, et n'a donc pas pu présenter sa défense. Cette situation, selon lui, a fortement nui à la procédure et explique en partie sa condamnation.

Un conflit persistant entre Goldnadel et la mairie de Stains

Cette affaire judiciaire n’est que le dernier épisode en date d’un conflit plus large entre Gilles-William Goldnadel et la ville de Stains. En décembre 2023, l’avocat s’en est pris directement au maire Azzedine Taïbi sur les réseaux sociaux, le qualifiant d’« islamo-gauchiste analphabète » et critiquant sa gestion de la commune. Ces attaques font suite à une série d’échanges tendus entre les deux hommes, exacerbés par le fait que Taïbi est lui-même visé par une enquête après une plainte déposée par un conseiller politique.

Si le tribunal a condamné Gilles-William Goldnadel, l’affaire est loin d’être terminée. L’avocat a fait appel de la décision, et les tensions entre lui et la municipalité de Stains semblent persistantes. Ce conflit judiciaire est symptomatique d’un débat plus large en France, où s’opposent des visions diamétralement différentes de la laïcité, de la diversité et des valeurs républicaines. L’issue de cet appel pourrait, à nouveau, raviver les débats sur les limites de la liberté d’expression et le respect des institutions publiques dans un contexte de plus en plus polarisé.

Par Tony Houdeville


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