POLITIQUE

Publié le 19 juillet 2024

Suspicion de double rémunération : 17 macronistes cumulant les fonctions de ministres et députés


INFORMATION

Réélection de Yaël Braun-Pivet : une controverse constitutionnelle

Le gouvernement a joué un rôle crucial dans la réélection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l'Assemblée nationale, un événement marqué par la participation de dix-sept ministres démissionnaires en tant que députés. Cette situation a suscité de vives critiques, car elle semble contredire l'article 23 de la Constitution, qui prône une séparation stricte des pouvoirs entre les fonctions gouvernementales et les mandats parlementaires.

Depuis les élections législatives anticipées, ces ministres démissionnaires continuent de gérer les affaires courantes tout en conservant leur rôle de parlementaires. Cette dualité de fonction a été critiquée par divers acteurs politiques et juridiques, notamment l'ancien président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, qui trouve cette situation inacceptable.

Défense gouvernementale et critiques juridiques

Le gouvernement, par la voix de Gabriel Attal, a défendu cette position comme étant temporairement nécessaire, affirmant qu'il n'y a jamais de vacance de pouvoir en France. Cependant, des spécialistes du droit, comme Jean-Philippe Derosier, ont critiqué vivement cette interprétation des règles, arguant que cela pourrait créer un conflit d'intérêts significatif. Cette double casquette pose un véritable dilemme constitutionnel et soulève des interrogations sur l'intégrité de la gouvernance.

Cette situation a également été dénoncée par des figures politiques de gauche et par l'avocat Jean-Baptiste Soufron, qui souligne le risque de conflit d'intérêts et la potentialité d'une confusion entre les pouvoirs exécutif et législatif. À long terme, cela pose des questions sur l'intégrité de la gouvernance et le respect des principes constitutionnels. Les critiques mettent en avant le danger d'une concentration des pouvoirs qui pourrait nuire à l'équilibre démocratique.

Quelques éclaircissements apportés sur les règles d'indemnisation pour les ministres démissionnaires

Les ministres qui démissionnent doivent respecter certaines conditions pour pouvoir bénéficier d'une indemnité sur une période de trois mois. Tout d'abord, ils ne peuvent prétendre à cette indemnité s'ils ont omis de déclarer une partie ou la totalité de leur patrimoine ou de leurs intérêts auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Cette règle vise à assurer la transparence et l'intégrité des responsables publics en exigeant une déclaration complète et honnête de leurs actifs et intérêts financiers. De plus, l'indemnité n'est pas accordée si le ministre reprend une activité professionnelle rémunérée après sa démission. Cette condition empêche les anciens ministres de cumuler une indemnité de départ avec un nouveau revenu professionnel, garantissant ainsi une utilisation équitable et raisonnable des fonds publics.

Suite aux récentes élections législatives, plusieurs ministres, dont Gérald Darmanin, Prisca Thévenot, et le Premier ministre Gabriel Attal, ont été élus députés. Ils ont choisi de renoncer à leur salaire ministériel pour percevoir uniquement leur rémunération parlementaire, illustrant un engagement à ne pas cumuler les rémunérations. Gabriel Attal, élu le 16 juillet, a confirmé qu'il serait désormais rémunéré par le Parlement, percevant une indemnité de député de 7.637 euros. Cette somme se décompose en une indemnité de base de 5.931,95 euros, une indemnité de résidence de 177,96 euros, et une indemnité de fonction de 1.527,48 euros.

Par Tony Houdeville


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