POLITIQUE
Publié le 31 janvier 2022
Michèle Rivasi balance sur ces mystérieux SMS échangés entre le PDG d'un labo et la présidente de la Commission européenne
Michèle Rivasi, députée européenne, était l'invitée de l'émission «Bercoff dans tous ses états» diffusée sur Sud Radio ce lundi 31 janvier 2022.
«Il était au courant que des SMS étaient passés»
Michèle Rivasi: «Vous savez que c'est un journaliste allemand qui a demandé l'accès aux documents, parce qu'il était au courant que des SMS étaient passés entre notre présidente de la commission, Ursula Von Der Leyen, et le PDG de Pfizer, qui s'appelle Albert Bourla. Donc, ils ont fait ça officiellement. La commission répond en disant : " Non, les SMS ne sont pas des documents qu'on peut transmettre. " Alors il a porté plainte à la médiatrice qui a regardé ça de près, qui a regardé la législation européenne et qui dit que : tout document, que ce soit des mails, que ce soit des documents écrits ou des SMS, à partir du moment où le portable est utilisé d'un point de vue professionnel, sont des documents que l'on doit transmettre.» André Bercoff: «C'est dans la législation européenne ? C'est dans la Commission européenne ?» Michèle Rivasi: «Tout à fait. On ne dit pas que les SMS ne font pas partie des documents, c'est le fond du SMS qui fait que ça doit être publié. Et la médiatrice a été très dure. Elle a dit que c'est de la mal administration, que la commission aurait dû, justement, récupérer ces SMS, dans la mesure où c'est un lien qui intéresse quand même l'Europe par rapport à la Commission et au président.»
«Vous voyez bien qu'il y a eu un dysfonctionnement total»
Michèle Rivasi: «Et ça montre bien que la présidente de la Commission, elle est en lien avec les lobbies pharmaceutiques. De quel droit elle utilise des SMS directement avec un PDG d'une grosse entreprise comme Pfizer ? Vous voyez bien qu'il y a eu un dysfonctionnement total.» André Bercoff: «Michèle Rivasi, elle peut dire que dans le cadre des négociations, elle peut justement négocier. Elle peut se défendre en disant : " Oui, mais c'est à titre purement de négociation " en tant que présidente de la Commission européenne.» Michèle Rivasi: «Oui, mais ce n'est pas elle la négociatrice. Et puis même si elle négocie, c'est quand même de l'argent public. Elle doit donner la transparence des SMS qu'elle effectue avec un directeur. Parce que sinon, à ce moment là, tout le monde fait n'importe quoi. De quel droit, la Commissaire sur la santé n'est pas au courant de ce que fait la présidente de la Commission européenne ?»
«Il profite aux intérêts privés»
André Bercoff: «Des SMS de madame Von der Leyen. Et elle a refusé jusqu'ici de donner ce contenu ?» Michèle Rivasi: «Exactement. Elle a refusé et la Commission, dans sa globalité, a refusé. Et c'est pour ça que la médiatrice a été très dure. Elle a dit : " C'est n'importe quoi ce que vous êtes en train de faire. Il faut absolument que vous donniez les documents. " Et normalement, ils doivent donner une réponse vers le 26 avril pour qu'on ait enfin une communication de ces SMS.» André Bercoff: «Le 26 avril ? Vous voulez dire dans trois mois ?» Michèle Rivasi: «Oui, il y a eu une limite qui a été donnée pour la fin avril, pour donner la communication de ces SMS. Et si jamais on apprend que la présidente de la commission négocie directement avec le PDG de Pfizer, alors c'est un dysfonctionnement total de la Commission européenne. Parce que, d'une part, les Etats membres ne voient pas ce qui se passe. Le Parlement est complètement exclu des négociations et vous voyez bien que l'opacité profite à qui ? Et bien il profite aux intérêts privés. Et donc ça, c'est anti-démocratique.»