POLITIQUE

Publié le 13 août 2024

Gabriel Attal propose un « pacte d'action » tout en écartant une partie des électeurs français


OPINION

L'appel à l'Union Parlementaire par Gabriel Attal

Ce mardi 13 août, dans un contexte marqué par la fin d'une trêve politique liée aux Jeux Olympiques, Gabriel Attal, alors Premier ministre démissionnaire, a adressé une lettre aux leaders parlementaires pour proposer un 'pacte d'action pour les Français'. Cette initiative, visant à rassembler les forces politiques autour d'un projet commun pour le pays, a toutefois été marquée par une exclusion notable : celle des représentants du Rassemblement National (RN) et de La France Insoumise (LFI). Ce choix d'ignorer deux des formations politiques les plus influentes du paysage actuel suscite une vive polémique et soulève des questions fondamentales sur l'état de la démocratie en France.

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Un Pacte d'Action

Dans sa lettre, Gabriel Attal a proposé un pacte visant à mobiliser les députés autour de six chantiers qu'il juge prioritaires pour l'avenir du pays. Parmi ces priorités, on trouve le rétablissement de l'équilibre des comptes publics, le renforcement de la souveraineté économique, l'amélioration de la qualité de vie, la lutte contre les problématiques environnementales, le renforcement de la sécurité, et la promotion des services publics, en particulier l'éducation et la santé.

L'objectif de ce pacte est clair : transcender les divisions politiques traditionnelles pour élaborer des compromis législatifs répondant directement aux besoins des citoyens français. Cependant, ce principe même de rassembler des forces politiques diverses a déjà été un argument central dans la campagne d'Emmanuel Macron en 2017. Le résultat a été une concentration accrue des pouvoirs autour de sa personne. Dès lors, ce retour aux sources ne serait-il pas une nouvelle manœuvre de diversion politique, visant à masquer une centralisation du pouvoir sous couvert de coopération ?

Une Exclusion Politique Controversée

L'exclusion du RN et de la LFI de cette initiative politique a provoqué une onde de choc dans la sphère politique et au-delà. Le RN et la LFI ne sont pas des forces marginales, mais des acteurs incontournables du paysage politique français. Aux dernières élections législatives, la coalition menée par la LFI a remporté 182 sièges, dont 75 pour la LFI elle-même. De son côté, le Rassemblement National et ses alliés comptent 143 sièges. Ces deux formations représentent ensemble 218 députés, soit une part non négligeable de l'Assemblée nationale.

Le fait d'écarter ces deux mouvements pose donc une question cruciale : comment justifier une démarche d'union nationale tout en excluant deux des plus grandes forces politiques du pays ? Cette décision semble pour beaucoup être non seulement une erreur stratégique, mais aussi une atteinte aux principes démocratiques fondamentaux. En refusant de dialoguer avec les représentants de ces partis, Gabriel Attal et, plus largement, Emmanuel Macron, semblent ignorer le choix de millions d'électeurs.

Les Implications pour la Démocratie

L'exclusion du RN et de la LFI soulève des préoccupations profondes sur l'état de la démocratie en France. Le pluralisme politique est un pilier fondamental de toute démocratie, et la marginalisation de certains partis, en particulier ceux qui représentent une part importante de l'électorat, peut être perçue comme un déni de démocratie. En écartant le RN et la LFI, le gouvernement donne l'impression de vouloir gouverner sans tenir compte des voix dissidentes, ce qui pourrait renforcer le sentiment d'aliénation et de méfiance à l'égard des institutions politiques chez les électeurs de ces partis.

En choisissant de ne pas inviter le RN et la LFI à la table des négociations, Gabriel Attal et le gouvernement prennent un risque politique considérable. Cette décision pourrait non seulement compromettre les chances de succès du "pacte d'action pour les Français", mais aussi affaiblir encore davantage la légitimité du gouvernement aux yeux de nombreux citoyens.

Par Tony Houdeville


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