POLITIQUE
Publié le 19 juillet 2024
Comment Emmanuel Macron a-t-il réussi un véritable hold-up aux élections législatives ?
EDITO
Les Élections Européennes : Un Séisme Politique en France
Durant les dernières élections européennes qui se sont déroulées le 9 juin dernier, le Rassemblement National a réalisé un score historique en dépassant les 30%. Ce résultat, largement supérieur à celui du camp d'Emmanuel Macron, qui est arrivé en deuxième position avec moins de 15%, a secoué la scène politique française. Ce triomphe du Rassemblement National marque un tournant dans la politique française, témoignant d'un profond mécontentement et d'un désir de changement parmi les électeurs.
Le soir même de ces élections, Emmanuel Macron a surpris tout le monde en annonçant la dissolution de l'Assemblée nationale. Cette décision inattendue a pris de court l'ensemble de la classe politique et tous les observateurs de la vie politique. La question qui brûle les lèvres de tous est de comprendre pourquoi Macron a choisi de rebattre les cartes de l'Assemblée nationale, au risque de perdre la gouvernance et de voir son pouvoir affaibli.
La Stratégie Derrière la Dissolution de l'Assemblée Nationale
Tatiana Ventôse, de la chaîne YouTube "Le Fil d'Actu", s'est penchée sur cette question dans une vidéo publiée le 16 juillet, intitulée « Comment Macron a réussi son coup (d'État) ». Dans cette vidéo, elle analyse les élections législatives anticipées qui ont suivi la dissolution de l'Assemblée nationale, en se demandant : « Comment Emmanuel Macron a-t-il réussi son pari ? ». Elle explique que bien que cette élection n'ait pas été sans frais pour le camp d'Emmanuel Macron, avec la perte de 77 députés, il parvient tout de même à conserver une position centrale.
Le Nouveau Front Populaire a remporté 182 sièges, devenant ainsi la plus grande force politique à l'Assemblée nationale, mais restant loin de la majorité absolue de 289 sièges. De son côté, le camp d'Emmanuel Macron, "Renaissance", a obtenu 168 sièges. Cette configuration permet à Macron de continuer à jouer un rôle clé au sein de l'Assemblée nationale, d'autant plus qu'il peut compter sur le soutien de la droite traditionnelle et, parfois, du Rassemblement National pour faire passer certaines lois.
Le Décryptage de Tatiana Ventôse
Pour Tatiana Ventôse, cette nouvelle configuration de l'Assemblée nationale permet à Emmanuel Macron de poursuivre ce qu'elle appelle « son projet de pillage de la nation ». Dans son analyse, elle souligne que deux forces adverses ont permis ce scénario : le Nouveau Front Populaire et le Rassemblement National. Le Nouveau Front Populaire, fidèle à sa tradition de faire barrage au Rassemblement National, a retiré ses candidats après le premier tour lorsque le camp Macron était mieux placé pour défier le candidat du Rassemblement National. Cela a permis l'élection d'un grand nombre de députés Renaissance.
De plus, les changements stratégiques du Rassemblement National, qui a renié certaines de ses promesses de campagne juste avant les élections législatives anticipées, ont démontré un manque de crédibilité. Ces revirements ont détourné les électeurs des classes moyennes et populaires, contribuant à affaiblir leur position.
Les Conséquences Politiques et la Suite des Événements
Malgré la perte de 77 sièges, Emmanuel Macron sort grand vainqueur de cette situation, car aucun autre mouvement politique n'a obtenu la majorité absolue. Il n'est donc pas contraint de nommer un Premier ministre d'un camp adverse. Gabriel Attal reste, pour le moment, Premier ministre et le gouvernement continue d'être composé de membres de "Renaissance". Cette stabilité relative permet à Macron de maintenir une certaine continuité dans son agenda politique.
Les pronostics annonçant la fin de Macron semblent donc prématurés. Il conserve les pleins pouvoirs et continue de jouer un rôle central dans la politique française. La situation reste cependant précaire, et il devra naviguer avec prudence entre les différentes forces en présence à l'Assemblée nationale pour assurer la mise en œuvre de son programme.
Par Tony Houdeville