POLITIQUE

Publié le 05 septembre 2024

Cet extrait d'un ancien documentaire révèle le vrai visage de Michel Barnier, nouveau Premier ministre


OPINION

Michel Barnier, une nomination inattendue qui divise la scène politique française

À la surprise générale, après plusieurs semaines de spéculations et d’attente, Emmanuel Macron a nommé Michel Barnier au poste de Premier ministre. Cette décision a déstabilisé la classe politique et l’opinion publique, notamment parce qu’elle intervient dans un contexte où le paysage politique a profondément changé à la suite des élections législatives. En effet, lors de ces élections, la coalition de gauche, baptisée "Nouveau Front Populaire", est arrivée en tête, sans pour autant obtenir de majorité absolue à l'Assemblée nationale. Ce résultat a marqué un tournant dans la recomposition politique du pays, avec également une forte progression du Rassemblement national.

En revanche, le grand perdant de ces élections est indéniablement la droite traditionnelle, incarnée par Les Républicains, qui n’a obtenu que 39 sièges à l’Assemblée. Le faible soutien des électeurs pour ce parti montre la fin d’une époque de domination de la droite classique en France. Pourtant, dans ce contexte d’éclatement des forces politiques, Emmanuel Macron a choisi de nommer un représentant de cette même droite traditionnelle comme Premier ministre, en la personne de Michel Barnier, ancien ministre sous Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Ce choix a immédiatement suscité des réactions véhémentes de la part des cadres des partis de gauche.

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Une opposition virulente à gauche

La nomination de Michel Barnier a fait l’effet d’un coup de tonnerre chez les responsables de la gauche française. Des figures de proue comme Marine Tondelier, secrétaire nationale des écologistes (EELV), Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, et Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, ont exprimé leur indignation face à ce qu’ils considèrent comme un « déni de démocratie ». À leurs yeux, cette nomination ne reflète pas le résultat des urnes et va à l’encontre des attentes des électeurs qui ont choisi de soutenir massivement la coalition de gauche.

Michel Barnier : un parcours marqué par l'Europe

Mais qui est vraiment Michel Barnier ? En plus de ses fonctions ministérielles en France, Barnier a occupé un poste clé au sein de la Commission européenne en tant que Commissaire chargé du marché intérieur. C'est au cours de ce mandat qu'il a été mis en lumière dans un documentaire de 2012, Bruxelles, le vrai pouvoir, diffusé sur France 5 en avril 2013. Ce documentaire mettait en lumière l’influence grandissante de l’Union européenne sur les décisions nationales, soulignant le pouvoir immense des commissaires européens.

Barnier y apparaissait comme l'une des figures dominantes de l’appareil européen, avec un salaire mensuel de 20 667 euros, selon les informations révélées dans le film. Ce documentaire a également montré comment les commissaires européens pouvaient imposer des amendes colossales aux États membres, y compris la France, pour non-respect des règles communautaires. Cette centralisation du pouvoir à Bruxelles, incarnée par des personnalités comme Barnier, a suscité des critiques quant à la perte d’autonomie des nations européennes.

Un visionnaire de l’Europe ou un danger pour la souveraineté nationale ?

Dans ce même documentaire, Michel Barnier avait défendu le rôle des commissaires européens en tant que « facilitateurs », chargés de prendre des décisions dans l’intérêt de l’Union européenne plutôt que de celui de leur propre pays. Cette vision de la politique européenne, selon laquelle les intérêts nationaux doivent s’effacer devant ceux de l’Europe, est précisément ce qui inquiète aujourd’hui une partie des citoyens. Barnier, en tant que Premier ministre, est perçu comme un prolongement de cette politique, ce qui, pour beaucoup, représente une menace pour la souveraineté nationale.

Cette crainte n’est pas nouvelle. Déjà en 2012, Viviane Reding, alors vice-présidente de la Commission européenne, avait tenu un discours à l’Assemblée nationale française qui avait provoqué un tollé. Elle y affirmait qu’il fallait « lentement, mais sûrement, comprendre qu'il n'y a plus de politiques intérieures nationales, il n'y a plus que des politiques européennes qui sont partagées dans une souveraineté commune ». Ces propos avaient à l’époque alarmé de nombreux observateurs, renforçant l'idée que l’Union européenne grignotait progressivement la souveraineté des États membres.

Quelles perspectives pour Michel Barnier à Matignon ?

Le retour de Michel Barnier dans les plus hautes sphères du pouvoir français en tant que Premier ministre soulève de nombreuses questions. À l’heure où la France est profondément divisée entre plusieurs courants politiques, sa nomination est perçue par certains comme un choix de continuité avec la politique d’Emmanuel Macron, notamment sur les questions européennes. Cependant, la réaction des partis de gauche montre que Barnier devra naviguer dans un climat politique tendu, avec une opposition farouche et des attentes élevées de la part de ceux qui espéraient un changement plus radical après les élections législatives. Pour ses détracteurs, Barnier incarne le pouvoir technocratique de Bruxelles, souvent perçu comme éloigné des préoccupations quotidiennes des citoyens français.

Par Tony Houdeville


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