POLITIQUE

Publié le 19 septembre 2024

« J'ai des enregistrements » : Sur BFM, un journaliste affirme détenir des preuves pour du favoritisme orchestré par Aurore Bergé


INFORMATION

Aurore Bergé accusée de collusion avec le lobby des crèches privées

L’ex-ministre des Familles, Aurore Bergé, fait face à de graves accusations de collusion avec le secteur des crèches privées. Cette affaire, largement relayée dans les médias, repose sur les révélations du journaliste d’investigation Victor Castanet, qui a publié son livre intitulé Les Ogres le 18 septembre dernier. Ce livre expose des informations compromettantes concernant les liens supposés entre Aurore Bergé et Elsa Hervy, déléguée générale de la Fédération des entreprises de crèches.

Les accusations portent principalement sur un prétendu "pacte de non-agression" entre les deux femmes, ce qui soulève des questions sur d’éventuels arrangements favorables aux entreprises privées du secteur des crèches. Selon Castanet, ce pacte aurait consisté à éviter toute critique des politiques gouvernementales concernant la petite enfance, en échange d’un traitement bienveillant de la part de l’ancienne ministre à l'égard des entreprises privées. Ces révélations ont jeté un pavé dans la mare et suscitent de vives réactions, tant du côté des opposants que des soutiens de la ministre.

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Un "pacte de non-agression" sous le feu des projecteurs

Dans son ouvrage, Victor Castanet décrit un lien étroit entre Aurore Bergé et Elsa Hervy, affirmant que les deux femmes échangeaient régulièrement via des applications sécurisées comme WhatsApp ou Telegram. Il ajoute que des directives implicites auraient été données pour soutenir la politique gouvernementale en matière de crèches privées, et ne jamais la critiquer publiquement. En contrepartie, Aurore Bergé aurait permis aux entreprises privées de bénéficier d’une certaine clémence et de faire entendre leurs revendications lors de ses allocutions officielles.

Ces allégations ont immédiatement déclenché une tempête médiatique. La proximité entre une responsable politique et une représentante d’un secteur privé régulé par l’État pose des questions éthiques. En effet, si ces faits sont avérés, cela soulignerait un conflit d’intérêts important. Pour certains observateurs, cela pourrait également indiquer une forme de favoritisme en faveur des acteurs privés, au détriment des structures publiques ou associatives de la petite enfance.

Une plainte en diffamation en préparation

Face à ces graves accusations, l’entourage d’Aurore Bergé a réagi rapidement en annonçant, via une déclaration à BFMTV, qu’une plainte en diffamation serait déposée contre le journaliste. Selon eux, ces affirmations sont infondées et nuisent à la réputation de l’ancienne ministre. Aurore Bergé elle-même a fermement démenti tout arrangement ou entente secrète avec Elsa Hervy. Elle maintient qu’elle n’a jamais transmis de consignes particulières aux acteurs du secteur des crèches et qu’aucun pacte n’a été conclu.

Victor Castanet, pour sa part, persiste et signe. Il affirme détenir de solides preuves venant corroborer ses propos. "Je dispose de messages WhatsApp, de messages Telegram, d’enregistrements et de courriels", a-t-il déclaré, tout en soulignant que ces éléments ont été minutieusement vérifiés par des avocats avant la publication du livre. Selon lui, chaque accusation repose sur des faits concrets et des documents tangibles, rendant la plainte en diffamation peu probable d’aboutir.

Des preuves solides selon Victor Castanet

Dans une interview accordée au Parisien, Castanet a précisé que les échanges entre Aurore Bergé et Elsa Hervy étaient presque quotidiens, souvent sur des plateformes de messagerie sécurisées. Ces discussions auraient porté sur des stratégies à adopter pour renforcer le secteur des crèches privées et assurer un soutien inconditionnel à la politique gouvernementale. Selon le journaliste, des acteurs privés du secteur ont été sollicités pour ne jamais critiquer les mesures mises en place par le gouvernement et, en retour, Bergé aurait favorisé leurs intérêts lors de ses interventions publiques.

Cette version des faits est toutefois fermement démentie par Aurore Bergé, qui continue de nier toute collusion ou entente secrète. Elle affirme que les échanges qu’elle a pu avoir avec les représentants du secteur des crèches étaient strictement professionnels et n’avaient aucun caractère confidentiel ou compromettant. Mais les documents et témoignages recueillis par Castanet suggèrent le contraire, ajoutant du poids à ses accusations.

Les réactions politiques et médiatiques

La publication de Les Ogres a provoqué une onde de choc dans le paysage politique français. Plusieurs responsables politiques de l’opposition ont demandé des éclaircissements sur cette affaire, certains appelant même à une enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur ces liens supposés entre l’ex-ministre et le secteur des crèches privées. Le débat sur l'influence des lobbies dans les décisions politiques refait surface, renforçant la méfiance du public envers les élites politiques et économiques.

Du côté des médias, l’affaire suscite de vifs débats. Les partisans de Bergé dénoncent une campagne de diffamation orchestrée par ses adversaires, tandis que d’autres estiment que les révélations de Castanet doivent être prises au sérieux et faire l’objet d’une investigation approfondie. Les réseaux sociaux, quant à eux, amplifient l’affaire, de nombreux internautes exprimant leur indignation face à l’idée d’un éventuel conflit d’intérêts entre une ministre et des entreprises privées dans un secteur aussi sensible que celui de la petite enfance.

Une affaire loin d'être terminée

Alors que la plainte en diffamation annoncée par Aurore Bergé n’a pas encore été déposée, cette affaire semble loin d’être terminée. Les prochains jours s'annoncent cruciaux pour l'ex-ministre, qui devra répondre à ces accusations en justice ou sur le terrain politique. De son côté, Victor Castanet ne semble pas prêt à reculer, affirmant avoir encore d'autres révélations à faire.

Cette affaire met en lumière des questions plus larges sur la transparence dans les relations entre les responsables politiques et les lobbies privés, et risque de raviver le débat sur l’éthique en politique. La suite des événements dira si Aurore Bergé parviendra à se disculper, ou si cette affaire entachera durablement sa carrière politique.

Par Tony Houdeville


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