ENVIRONNEMENT
Publié le 18 mars 2024
Des jours sombres pour la voiture électrique ? Les mauvaises nouvelles s'accumulent
Un virage contesté pour la voiture électrique
Est-ce un tournant décisif ou simplement un obstacle de plus sur la route de la transition énergétique ? La récente cascade de mauvaises nouvelles concernant le secteur des véhicules électriques suscite des interrogations quant à la viabilité de ce marché. Il y a quelques jours, un événement a particulièrement marqué les esprits : Stephen Scherr, le PDG du géant de la location de voitures Hertz, a démissionné suite à un pari massif de l'entreprise sur les véhicules électriques.
Ces dernières années, Hertz a investi massivement dans l'achat de véhicules électriques, notamment avec une commande importante de véhicules auprès de Tesla et Polestar, dans le but de convertir progressivement sa flotte. Cet investissement ambitieux semble maintenant poser des défis significatifs à l'entreprise, soulignant les incertitudes qui entourent le marché des véhicules électriques.
Les obstacles à l'adoption de l'électrique
Les raisons de ce revirement sont multiples. Les clients de Hertz expriment des réticences, principalement dues à la peur de ne pas trouver de stations de recharge facilement. De plus, les coûts de réparation, souvent sous-estimés, s'avèrent bien plus élevés pour les véhicules électriques que pour leurs homologues à moteur thermique. Cela concerne non pas le moteur, mais la carrosserie. Ce phénomène n'est pas isolé. À l'échelle européenne, les derniers chiffres montrent un recul de la part de marché des véhicules électriques au profit du diesel. Les constructeurs eux-mêmes rencontrent des difficultés : Tesla voit le prix de son action chuter, Ford revoit sa stratégie pour son pickup F150 électrique face à un manque d'intérêt des consommateurs, et Volkswagen peine à vendre sa gamme tout électrique ID, malgré d'importants rabais.
Vers un changement de cap dans l'industrie automobile ?
La question se pose alors : est-il encore possible de faire machine arrière ? Selon le journaliste économique François Lenglet, la réponse est " oui ". L'Europe prévoit d'interdire la vente de nouveaux véhicules thermiques à partir de 2035, mais déjà, certains à Bruxelles envisagent un scénario plus progressif. Dans ce contexte d'incertitude, comment les constructeurs peuvent-ils planifier leurs investissements ? La solution résiderait dans le pragmatisme, à l'image de ce que propose Stellantis : offrir pour chaque modèle une option hybride (électrique et thermique) sur les mêmes plateformes de fabrication, afin de s'adapter aux demandes fluctuantes des consommateurs.
Réflexions sur l'avenir de l'électrique
Peut-on réellement envisager l'abandon de la voiture électrique à ce stade ? La transition vers l'électrique a été initiée de manière quelque peu précipitée, en réaction au scandale du Dieselgate de 2015, qui a révélé les manipulations de plusieurs constructeurs, dont Volkswagen, concernant les émissions de polluants de leurs véhicules. Cette décision s'est faite sans une réelle réflexion sur l'empreinte carbone réelle des véhicules électriques, la mise en place de réseaux de recharge adéquats, la production d'électricité nécessaire, et sans considérer la concurrence chinoise, de plus en plus menaçante pour l'industrie automobile européenne.
Cet ensemble de circonstances interroge sur la stratégie à adopter pour une transition énergétique réussie. Alors que l'engouement initial pour les véhicules électriques semble s'essouffler, il devient impératif de repenser notre approche en tenant compte des réels besoins des consommateurs, de l'infrastructure disponible et des enjeux écologiques mondiaux. La voiture électrique, présentée comme une solution d'avenir, doit surmonter de nombreux défis pour s'imposer comme une alternative crédible et durable au moteur thermique.