ÉCONOMIE

Publié le 20 mai 2024

Comment l'Union Européenne envisage-t-elle de « piquer » votre argent ? L'analyse de Tom Benoit

Union des marchés des capitaux : une nouvelle étape pour l'Europe en 2024 ?

L'Union Européenne n'est jamais à court de projets ambitieux qui subtilisent peu à peu les droits des citoyens. Le nouveau projet en cours de réflexion au niveau de l'Union Européenne est l'union des marchés des capitaux. Alors, y aura-t-il une union des marchés des capitaux en 2024 ? Il semblerait que oui ! Depuis trente ans, la libre circulation des biens, des personnes et des services est une réalité au sein de l'Union européenne. Pourtant, celle des capitaux demeure un serpent de mer.

Une intégration financière européenne en marche

À en juger par l'appel récent des plus grandes voix européennes, 2024 pourrait marquer l'année de la concrétisation de cette union. Lors du Forum économique mondial de Davos, le président de la République, Emmanuel Macron, a insisté sur la nécessité d'avoir une « Europe financière beaucoup plus intégrée ». Quelques jours auparavant, Bruno Le Maire, lors de ses vœux à Bercy aux acteurs économiques, appelait à la création d'un véritable « supermarché européen du financement ». Christine Lagarde et des présidents d'institutions européennes ont également plaidé pour l'union des marchés des capitaux, destinée à favoriser leur circulation entre les pays membres pour financer plus largement les entreprises, en particulier les start-up et les PME. Les promoteurs de ce projet estiment qu'il est crucial pour répondre aux défis du 21ème siècle.

À la différence des États-Unis, où la culture de l'investissement prédomine, en Europe, la tendance est à l'épargne. Aujourd'hui, les citoyens européens peuvent se déplacer librement au sein du marché unique, mais les flux de capitaux restent principalement réglementés à l'échelle nationale, ce qui permet une certaine maîtrise dans chaque pays membre. Par exemple, les Français disposent de 500 milliards d'euros sur leurs comptes courants et de plus de 900 milliards sur leurs livrets d'épargne (livret A, PEL…). Les crises récentes ont accentué ce phénomène, conduisant les ménages à mettre plus que jamais leur argent de côté.

Une épargne européenne pour financer l'avenir

Tom Benoit, directeur de la rédaction de Géostratégie magazine, a expliqué sur Sud Radio que ce projet consiste à encourager fortement les citoyens à placer leur argent sur des livrets d'épargne européens, qui seront créés si le projet aboutit. Selon les conclusions du rapport Noyer, il est nécessaire de créer un produit d'épargne bloqué à long terme sur lequel la population déposera son épargne. Cette épargne sera bloquée durant plusieurs années et pourra être titrisée, c'est-à-dire utilisée sans que les épargnants puissent avoir la mainmise sur leur argent. D'après Tom Benoit, si toutefois l'épargnant souhaitait retirer son épargne avant son terme, le rapport Noyer suggère de mettre en place une taxe sur le retrait de cette épargne, une façon de dissuader le retrait.

Controverses et critiques

Les méthodes proposées dans le rapport Noyer sont controversées. Bloquer l'épargne sur plusieurs années et taxer les retraits anticipés sont des mesures qui suscitent des critiques. Tom Benoit condamne fermement ces méthodes. Pour lui, encourager les citoyens à placer leur argent dans des produits d'épargne européens sans leur permettre de retirer leurs fonds sans pénalités est une forme de contrainte inacceptable. Ces propositions risquent de réduire la confiance des citoyens dans le système financier européen et de nuire à l'adhésion à ce projet d'union des marchés des capitaux.

Les mesures proposées dans ce projet, notamment en matière de gestion de l'épargne des citoyens, soulèvent des questions importantes sur la liberté financière et la confiance dans le système financier. Alors que 2024 pourrait être l'année de la concrétisation de cette union, il est essentiel que les décideurs européens prennent en compte les préoccupations des citoyens pour garantir un équilibre entre l'intégration financière et le respect des droits des épargnants.



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