ÉCONOMIE
Publié le 13 avril 2024
Bruno Le Maire, le défenseur des riches ? Exaspéré, ce député décide de lui dire ses quatre vérités
Le débat fiscal animé au cœur de l'Assemblée
Mardi 9 avril, lors de la traditionnelle séance de "Questions au gouvernement", le député du groupe "LIOT", Benjamin Saint-Huile, a interpellé Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, sur la cohérence de la stratégie gouvernementale face au déficit budgétaire français. Ce face-à-face a révélé des tensions palpables autour des choix fiscaux et de leur impact sur les différentes couches de la société française.
Benjamin Saint-Huile a ouvert le débat en rappelant les réductions d'impôts des sept dernières années, vantées par le gouvernement, tout en soulignant leur orientation favorable aux foyers les plus aisés. Il a critiqué la suppression de l'ISF et les baisses de fiscalité sur les dividendes, estimant que ces mesures bénéficiaient principalement aux plus fortunés, tandis que la suppression de la taxe d'habitation n'offrait qu'un léger soulagement aux foyers modestes. Le député a mis en exergue l'accroissement de la dette nationale et a questionné la gestion gouvernementale des recettes, spécialement en ce qui concerne la fiscalité des hauts revenus.
Réponses évasives et appel à la justice fiscale
La réponse de Bruno Le Maire a rapidement suscité des réactions mitigées dans l'hémicycle. Tout en affirmant son attachement à la justice fiscale, il a défendu la politique de baisse de la fiscalité, arguant que la défiscalisation des heures supplémentaires et la réduction de l'impôt sur le revenu avaient aussi profité aux classes moyennes et modestes. Rappelons néanmoins que les cotisations sociales contribuent au financement des retraites et à la sécurité sanitaire des travailleurs.
Cependant, la réplique de Benjamin Saint-Huile ne s'est pas fait attendre. Il a exprimé son exaspération face aux réponses jugées insatisfaisantes du ministre, réitérant que sa question portait sur l'augmentation de la fiscalité des supers dividendes, des supers profits et des rachats d'actions, des propositions apparemment ignorées par Bruno Le Maire. Citant des propos d'Emmanuel Macron, Saint-Huile a lancé : « Ça fait sept ans que tu es là Bruno, il est temps de s'y mettre ! », phrase qui a vivement été applaudie par l'Assemblée.
Langue de bois et politique économique inamovible
En reprenant la parole, Bruno Le Maire a continué à esquiver la question centrale de la fiscalisation accrue des riches, se concentrant plutôt sur les résultats obtenus par le gouvernement en termes d'emploi et de réindustrialisation du pays. Il a reconnu une augmentation des rachats d'actions ces dernières années, admettant que ce phénomène nécessitait une attention renforcée.
L'intervention de Bruno Le Maire a illustré une fois de plus une approche gouvernementale réticente à modifier sa ligne de politique économique libérale, malgré les critiques croissantes sur son manque d'efforts pour augmenter les recettes fiscales provenant des gros actionnaires et des entreprises réalisant des supers profits.
Cette séance de questions au gouvernement a mis en lumière non seulement les divisions idéologiques profondes concernant la fiscalité et la redistribution des richesses en France, mais également le grand écart entre les discours politiques et les attentes citoyennes pour une fiscalité plus équitable.