L'Actu Citoyenne

Scandale à BFM : révélations sur les dessous d'une manipulation médiatique orchestrée


POLITIQUE | Publié le 31 juillet 2024


OPINION

Les révélations de Mediapart sur les manœuvres de BFM en faveur de Sarkozy

Des communications interceptées par des magistrats instructeurs, révélées par Mediapart, ont mis en lumière un effort concerté de figures clés de BFM pour soutenir Nicolas Sarkozy lors de la rétractation contestée de Ziad Takieddine. Cette affaire éclaire d'un jour nouveau les liens potentiellement troubles entre médias et politique, en révélant les dessous d'une manipulation médiatique orchestrée.

Le 16 octobre 2020, en pleine tourmente des nouvelles accusations contre Nicolas Sarkozy dans l'affaire de financement libyen, Ruth Elkrief, alors journaliste de renom chez BFMTV, propose son aide via un message à Véronique Waché, chargée de communication de Sarkozy. « Chère Véronique, je suis là pour vous, prête à organiser une prise de parole comme vous le souhaitez. Amicalement, je vous embrasse et transmets mes salutations à NS. » Peu après, Marc-Olivier Fogiel, directeur de BFM, reprend contact avec Véronique Waché, soulignant leur disponibilité immédiate pour toute intervention médiatique nécessaire, selon les informations de Mediapart.

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Une orchestration minutieuse révélée

En novembre 2020, la diffusion par Paris Match et BFM de la rétractation de Takieddine, après de difficiles négociations orchestrées par Michèle Marchand, a mis en évidence le rôle de Véronique Waché depuis 2012. Bien que Waché affirme ne pas être au courant des détails de l'entretien, les données de son téléphone révèlent une coordination étroite avec la direction de BFM pour orienter la couverture médiatique de l'affaire en faveur de Sarkozy.

Les enquêtes approfondies de Mediapart montrent comment l'événement, qualifié d'« opération Sauver Sarko », a été planifié et diffusé pour capter l'attention médiatique. Le 11 novembre, BFM diffuse la déclaration de Takieddine, se rétractant sur ses accusations précédentes contre Sarkozy. Cette diffusion coïncide avec une communication orchestrée de l'ancien président sur les réseaux sociaux, visant à redorer son image et à influencer l'opinion publique.

Stratégie de diffusion et interactions médiatiques

Après la diffusion de cette déclaration, Ruth Elkrief et Véronique Waché échangent sur la programmation des interventions de Sarkozy. Le directeur de BFM et Waché discutent des moments opportuns pour maximiser l'impact médiatique. La chaîne prévoit alors une couverture continue, incluant une interview extensive de Sarkozy, diffusée le 13 novembre, pour consolider cette nouvelle narrative favorable, selon les révélations de Mediapart.

Les échanges entre la direction de BFM et l'équipe de Sarkozy après l'interview montrent une satisfaction mutuelle quant à l'efficacité de la couverture médiatique. Les discussions révèlent une stratégie bien rodée pour utiliser cet événement afin de renforcer la défense de Sarkozy dans l'affaire libyenne.

Questions sur l'éthique et l'indépendance médiatique

Les révélations de Mediapart ont jeté une lumière crue sur les pratiques journalistiques de Ruth Elkrief, longtemps considérée comme une figure emblématique de BFMTV. Son implication dans l'affaire, en offrant une aide proactive à l'équipe de Nicolas Sarkozy, soulève de sérieuses questions sur son impartialité et son intégrité en tant que journaliste. Ce type de collaboration étroite avec une figure politique controversée remet en cause la déontologie journalistique qui prône la neutralité et l'objectivité.

Les relations étroites de Ruth Elkrief avec l'entourage de Nicolas Sarkozy, telles que mises en évidence par Mediapart, ajoutent une couche supplémentaire de suspicion quant à son indépendance journalistique. Ces révélations nuisent non seulement à l'image personnelle de Ruth Elkrief, mais aussi à celle de BFMTV, une chaîne qui se targue de son indépendance et de son professionnalisme.

Par Tony Houdeville