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Avec ses frais de mandat, une députée payait son abonnement à un site de rencontre


POLITIQUE | Publié le 11 septembre 2024


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Christine Engrand : Mélange douteux entre dépenses personnelles et fonds publics

Christine Engrand, députée du Rassemblement national (RN) dans le Pas-de-Calais, se trouve au cœur d’une controverse concernant l’utilisation de ses fonds publics. Son premier mandat à l’Assemblée nationale a été marqué par une série d’incidents, révélés par Mediapart, où elle semble avoir confondu ses dépenses personnelles avec celles qu’elle devait engager dans le cadre de ses fonctions parlementaires.

Fraîchement réélue au premier tour des dernières élections législatives dans la 6e circonscription du Pas-de-Calais, Christine Engrand jouit d’un soutien électoral indéniable. Cependant, ses pratiques financières au cours de son premier mandat soulèvent des questions sur sa gestion des deniers publics. En effet, elle aurait utilisé sa carte bancaire d’élue pour couvrir des frais sans lien avec son activité de députée, un comportement qui pourrait entacher sa carrière politique et ternir l’image du Rassemblement national.

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Une gestion des fonds publics sous surveillance

Chaque député dispose d’une enveloppe budgétaire conséquente, destinée à financer les dépenses inhérentes à l’exercice de ses fonctions. Ces frais peuvent inclure les déplacements, l’organisation de réunions ou encore l’acquisition de matériel de bureau. Cependant, cette enveloppe ne doit en aucun cas servir à financer des besoins personnels. C’est précisément là que Christine Engrand semble avoir failli.

Selon Mediapart, plusieurs des transactions effectuées par la députée entre 2022 et 2023 ne respectent pas les règles strictes imposées aux parlementaires. Un exemple particulièrement frappant est un abonnement mensuel de 39 euros à un site de rencontres, réglé à l’aide de sa carte bancaire professionnelle. Ce type de dépense soulève des interrogations sur la transparence et l’intégrité de l’élue.

Des dépenses controversées et inédites

Au-delà de l'abonnement à un site de rencontres, l’examen approfondi des comptes de Christine Engrand a révélé d’autres dépenses tout aussi surprenantes. Parmi elles, la députée aurait utilisé des fonds publics pour financer des frais funéraires à hauteur de 5 000 euros, une somme considérable qui dépasse largement ce que l’on pourrait qualifier de dépenses professionnelles. De plus, elle aurait également fait appel à ces fonds pour la garde de ses chiens durant ses absences, ce qui pose la question de la pertinence de telles dépenses dans le cadre de son mandat parlementaire.

Face à ces révélations, Christine Engrand n’a pas cherché à nier les faits. Elle a reconnu avoir financé certaines de ses dépenses personnelles avec l’argent du contribuable, mais elle a rapidement plaidé la confusion. Selon elle, il s’agirait d’une erreur entre sa carte bancaire personnelle et celle destinée à ses fonctions parlementaires. Cependant, une telle défense, si elle peut paraître plausible au début d’un mandat, semble difficilement justifiable lorsque ces erreurs se multiplient et concernent des montants aussi importants.

La défense de Christine Engrand : erreurs ou maladresses ?

Dans une tentative de se justifier et d'apaiser les critiques, Christine Engrand a publié un communiqué sur ses réseaux sociaux. Dans ce message, elle parle d’« erreurs » et de « maladresses de début de mandat », semblant minimiser la gravité des faits reprochés. Elle assure également que toutes les dépenses litigieuses ont été remboursées depuis plusieurs mois, sans toutefois préciser si ce remboursement a été effectué avant ou après les révélations de Mediapart.

Malgré ces explications, la défense de la députée laisse place à une certaine incompréhension. Comment une élue de la République, supposée gérer des fonds publics avec rigueur et transparence, peut-elle commettre des erreurs aussi grossières sur une période aussi longue ? La question mérite d’être posée, d’autant plus que ces dépenses ne semblent en rien accidentelles, mais bien répétées.

Un impact politique à venir ?

Cette affaire pourrait bien avoir des répercussions politiques pour Christine Engrand et, plus largement, pour le Rassemblement national. Dans un contexte où la transparence et la gestion des fonds publics sont des sujets sensibles, de telles pratiques risquent de nuire à la crédibilité de l’élue et de son parti. Le RN, qui se veut proche des préoccupations des citoyens, pourrait être perçu comme laxiste sur ces questions éthiques si des sanctions ne sont pas prises.

D’autre part, cette affaire relance le débat sur le contrôle des dépenses des élus et la nécessité d’une plus grande transparence. Les députés bénéficient d’une grande autonomie dans la gestion de leur enveloppe parlementaire, mais cette affaire démontre que des dérives peuvent survenir. Les citoyens, qui financent ces enveloppes par leurs impôts, attendent logiquement des comptes rigoureux de la part de leurs représentants.

Un scandale de plus pour le RN ?

L’affaire Christine Engrand s’inscrit dans une série de scandales touchant les élus de tous bords, mais elle revêt une dimension particulière en raison du parti auquel elle appartient. Le Rassemblement national, qui a souvent critiqué l’establishment pour ses pratiques financières douteuses, se retrouve ici dans une position délicate. La question qui se pose désormais est de savoir si le parti de Marine Le Pen prendra des mesures pour sanctionner cette élue ou s’il continuera à la soutenir malgré les révélations.

En attendant, cette affaire rappelle une nouvelle fois l’importance de la rigueur et de la transparence dans la gestion des fonds publics. Les citoyens sont en droit d’exiger que leurs élus respectent scrupuleusement les règles qui leur sont imposées et que les fonds publics soient utilisés de manière éthique et responsable.

Par Tony Houdeville