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« Il y a l'article 16 : ce sont les pleins pouvoirs » : Olivier Besancenot appuie là où ça fait mal sur BFMTV


POLITIQUE | Publié le 10 septembre 2024


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Olivier Besancenot dénonce une crise démocratique : un « vol démocratique » selon lui

Olivier Besancenot, membre du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), était récemment l’invité de l’émission politique Tout le monde veut savoir, animée par Benjamin Duhamel sur BFMTV. L’interview portait principalement sur la crise institutionnelle et démocratique qui secoue actuellement la France. Au centre des discussions, la désignation de Michel Barnier, une figure de la droite, en tant que Premier ministre par Emmanuel Macron, malgré le fait que la coalition de gauche, le Nouveau Front Populaire (NFP), soit sortie en tête lors des dernières élections législatives anticipées.

Pour Olivier Besancenot, cette nomination constitue un véritable « vol démocratique ». Il critique vivement la décision d’Emmanuel Macron de nommer un chef de gouvernement issu de la droite, alors que c’est la gauche qui a remporté le plus grand nombre de sièges à l'Assemblée nationale. Besancenot va plus loin en exprimant ses craintes quant à la possible réintégration d’anciens membres du précédent gouvernement dans la nouvelle équipe. Selon lui, cela ne ferait qu’aggraver la situation, s’apparentant davantage à un simple remaniement qu’à un réel changement de cap politique. Il qualifie cette perspective d’« aberration », soulignant qu’il est essentiel de respecter la volonté populaire exprimée lors des élections.

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L’illusion d’une ouverture à gauche ?

Dans ses propos, Olivier Besancenot se montre également sceptique quant à l’idée que l’intégration de figures de gauche dans ce futur gouvernement pourrait influer sur les orientations politiques de l’exécutif. Il rappelle que ce type de manœuvre a déjà été tenté par le passé, notamment sous la présidence de Nicolas Sarkozy. À cette époque, bien que des personnalités de gauche aient été invitées à rejoindre le gouvernement, la politique qui en a résulté est restée fermement ancrée à droite.

Pour Besancenot, cette ouverture à gauche n’est rien de plus qu’une mise en scène, un geste symbolique qui ne correspond en rien à une véritable volonté de changer de cap. Selon lui, il est inconcevable qu’un gouvernement de droite applique une politique de gauche, alors que l’inverse s’est déjà produit à plusieurs reprises. Il se méfie donc des promesses faites à la gauche, estimant qu’elles ne se traduiront pas par des réformes véritablement sociales ou progressistes.

Un gouvernement en difficulté avant même sa formation

Toujours selon Besancenot, le nouveau gouvernement se trouve déjà en grande difficulté avant même d’être formé, en raison de la crise institutionnelle engendrée par la nomination d’un Premier ministre issu du parti Les Républicains. Un parti qui, en effet, n’a pas été plébiscité par les électeurs lors des dernières consultations électorales. Pour lui, cette situation est révélatrice d’un dysfonctionnement profond dans le système politique français, où trop de pouvoirs sont concentrés entre les mains du chef de l’État.

L'article 16, un danger potentiel selon Besancenot

Pour Olivier Besancenot, la France fait face à une crise institutionnelle majeure, exacerbée par la nomination de Michel Barnier et l’éventualité d’une impasse politique au Parlement. Il craint que cette situation ne conduise à l’activation de l’article 16 de la Constitution, donnant ainsi les pleins pouvoirs à Emmanuel Macron. Bien que cette option n’ait pour l’instant jamais été évoquée officiellement par l’Élysée ou les proches du président, Besancenot appelle à rester vigilant.

Le militant anticapitaliste rappelle que cet article, bien qu’exceptionnel, représente un risque pour la démocratie, car il permet au chef de l’État de s’octroyer des pouvoirs quasiment illimités. Une telle concentration de pouvoir, dans un contexte où la légitimité démocratique du gouvernement est déjà remise en cause, pourrait selon lui aggraver la crise politique. Il plaide donc pour une refonte complète du système institutionnel français afin de redonner du pouvoir aux citoyens et de limiter celui du président.

Vers une réforme institutionnelle ?

Face à ces multiples défis, Olivier Besancenot propose une réforme profonde du système politique, visant à rééquilibrer les pouvoirs et à renforcer la démocratie. Il insiste sur la nécessité de mettre fin à un régime présidentiel qu’il juge trop centralisé et qui, selon lui, ne reflète plus les aspirations du peuple français. Pour lui, l’urgence est de sortir de ce modèle hérité de la Ve République et d’imaginer de nouvelles formes de gouvernance, plus participatives et plus en phase avec les réalités actuelles.

Olivier Besancenot se positionne comme l’un des critiques les plus acerbes du gouvernement d’Emmanuel Macron et de la gestion actuelle de la crise institutionnelle. Il appelle à une mobilisation massive des forces de gauche pour défendre la démocratie et éviter que le pouvoir ne se concentre davantage entre les mains d’un président déjà très contesté.

Par Tony Houdeville