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Voici le « vrai bilan » que Bruno Le Maire essaye désespérément de nous cacher


ÉCONOMIE | Publié le 17 septembre 2024


OPINION

Le Bilan de Bruno Le Maire : Un Héritage Économique Contesté

Après sept années passées à la tête du ministère de l’Économie, Bruno Le Maire a tiré sa révérence. « Sept années utiles pour la France », a-t-il déclaré en guise de bilan personnel. Mais derrière cette affirmation optimiste, l'hebdomadaire Marianne propose une lecture différente des réalisations de l’ancien ministre, s’appuyant sur des chiffres qui ne peignent pas un tableau aussi flatteur.

Sous le mandat de Bruno Le Maire, la dette publique française a connu une croissance considérable. Lorsque le ministre prend ses fonctions en 2017, la dette s’élevait déjà à 2 550 milliards d’euros. En 2023, à la fin de son mandat, ce chiffre a bondi à 3 200 milliards d’euros. Cette augmentation s'explique en partie par les crises successives, notamment la pandémie de Covid-19 et la crise énergétique qui a suivi l'invasion de l'Ukraine. Toutefois, Marianne souligne que la gestion française de la dette a été moins maîtrisée que dans d'autres pays européens, comme l'Allemagne et l'Italie, où les niveaux d’endettement sont restés plus stables. Ainsi, le ratio de la dette par rapport au PIB est passé de 98 % à 111 % en France au cours de ces années.

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Des Crises, Mais Pas Seulement

Si les crises sanitaires et énergétiques ont fortement pesé sur les finances publiques, elles ne sont pas les seules responsables de cette explosion de la dette. Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), 343 milliards d'euros de cette augmentation ne peuvent être attribués aux crises. En effet, l’OFCE estime que 38 % de la hausse de l’endettement depuis 2017 provient de décisions structurelles prises par le ministère. Ces décisions, pérennes, continueront d'alourdir la dette publique dans les années à venir si elles ne sont pas corrigées.

L’un des autres points noirs du bilan économique de Bruno Le Maire est l'augmentation du déficit public. En 2017, le déficit était de 3,4 %, un chiffre qui, malgré les promesses de réduction, a grimpé à 5,6 % en 2023. Selon les analyses relayées par Marianne, cette détérioration est partiellement due à la décentralisation de nombreuses responsabilités vers les collectivités locales, mais aussi à une faible croissance économique. En outre, l’absence de hausses significatives des impôts pour les plus riches a contribué à aggraver cette situation.

Un Commerce Extérieur Déséquilibré

La balance commerciale française reste un autre sujet d'inquiétude. Déficitaire depuis 2003, elle s'est encore dégradée sous la gestion de Bruno Le Maire. Certes, la facture énergétique a joué un rôle important dans cette détérioration, mais d’autres secteurs, comme les équipements électriques, ont également vu leurs déficits s’amplifier. Simultanément, les excédents traditionnels de la France dans l'agroalimentaire ou les matériels de transport se sont amenuisés. Marianne met en lumière cette fragilité structurelle qui s’est aggravée durant ces sept années.

Un autre élément marquant de la politique économique de Bruno Le Maire est la distribution massive d’aides aux entreprises. Selon un rapport de France Stratégie cité par Marianne, en 2019, le gouvernement a distribué entre 139 et 223 milliards d’euros d’aides à travers 600 dispositifs différents. Si cette générosité visait à soutenir l'économie française, notamment pendant la crise sanitaire, elle pose la question de l'efficacité de telles mesures. En effet, malgré ces subventions, le tissu économique français n’a pas montré de signes de résilience proportionnels à l'ampleur des aides reçues.

La Montée de la Précarité

Le bilan social de Bruno Le Maire est tout aussi préoccupant. Le nombre de ménages précaires a augmenté significativement pendant son mandat. Selon le Secours populaire, 62 % des Français estiment être dans une situation de pauvreté ou sur le point de la connaître, contre 57 % en 2017. Cela représente une augmentation de la précarité pour 2,3 millions de foyers supplémentaires. Pourtant, dans le même temps, la richesse produite par tête a augmenté de 4 %, ce qui montre une aggravation des inégalités sociales.

En parallèle, Bruno Le Maire a orchestré des baisses d'impôts à hauteur de 67 milliards d’euros par an depuis 2017. Ces réductions fiscales ont été réparties presque équitablement entre les ménages (36 milliards) et les entreprises (31 milliards). Cependant, ces mesures n'ont pas profité de manière égale à l'ensemble de la population. Selon l’INSEE, les 10 % des Français les plus riches ont vu leurs revenus progresser de 8,3 % pendant cette période, alors que les 50 % les plus modestes n'ont enregistré qu'une augmentation de 5,2 %.

Un Salaire Réel en Baisse

L’impact des politiques économiques de Bruno Le Maire se fait également ressentir sur le pouvoir d’achat des Français. Entre 2017 et 2023, le pouvoir d’achat des salaires dans le secteur privé a baissé de 0,5 % en termes réels, malgré une hausse initiale durant le premier mandat d’Emmanuel Macron. Marianne pointe du doigt l’incapacité des augmentations salariales à suivre le rythme de l’inflation, particulièrement après 2022, ce qui a contribué à une dégradation du niveau de vie de nombreux travailleurs.

Inégalités de Patrimoine

Enfin, Marianne met en lumière l’augmentation des inégalités patrimoniales sous Bruno Le Maire. En 2022, le patrimoine des 1 % des Français les plus riches représentait l’équivalent de 19 mois de revenu national. Cinq ans plus tôt, ce chiffre était de 16 mois. Cette concentration de la richesse illustre un autre aspect de la politique économique menée par Bruno Le Maire, qui semble avoir avantagé les plus fortunés au détriment du reste de la population.

Le bilan de Bruno Le Maire est loin d’être aussi flatteur qu’il le prétend. Si les crises ont certes joué un rôle dans l'aggravation de la situation économique, ses choix politiques ont également contribué à cette dégradation. Marianne dresse un portrait nuancé d’un ministre qui laisse derrière lui une France plus endettée, des inégalités plus marquées et une économie structurellement affaiblie. Son successeur devra faire face à ces défis pour redresser la situation et apporter des solutions pérennes à ces problèmes persistants.

Par Tony Houdeville